462                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
treize pièces furent achevées de 1834 à 1839. L'idée était bonne; on rompait brusquement avec la déplorable routine qui sacrifiait la merveilleuse habileté des tapissiers à des copies d e,médiocres pein­tures. Malheureusement on ne sut pas persévérer dans cette voie. Bien plus, on n'omit que le principal, c'est-à-dire l'encadrement, tant l'oubli cles lois les plus élémentaires était complet! Les pièces de l'Histoire de Marie de Médicis n'ont pas de bordures ! Et cepen­dant, malgré cette inexplicable lacune, la tenture inspirée par les tableaux du chef de l'école flamande éclipsent tout ce qui a été fait avant ou après elle depuis le commencement de ce siècle.
11 est étrange que cette expérience n'ait pas ouvert les yeux sur les réformes à apporter au choix des modèles. On continue à copier les peintures cles artistes contemporains. Les tableaux de Gros, de Guérin, de Delaroche, sont reproduits avec une perfection impec­cable. Le Massacre des mameluks, d'Horace Vernet, est exécutée par un des plus habiles tapissiers de la manufacture, M. Louis Bançon. Après l'exposition de Londres, en 1852, cette pièce fut offerte à la reine d'Angleterre, comme une des meilleures pro­ductions de notre manufacture nationale.
Les cartons composés par Ingres pour les vitraux de la chapelle Saint-Ferdinand de Dreux servirent à leur tour de modèles; enfin les peintres Alaux et Couder sont chargés de continuer la suite des Maisons royales de Louis XIV, en peignant une Vue du palais de Saint-Cloud etune autre du Château de Pau, les seuls modèles décoratifs commandés spécialement pour les Gobelins depuis le. premier empire.
En 1848, les Gobelins passent sous la direction de M. Badin, peintre, qui réunit un moment les deux manufactures de tapisse­ries. M. Lacordaire le remplace de 1850 à 1870. Lors de la chute de l'empire, M. Chevreul est un moment à la tête de l'administra­tion jusqu'à la nomination de M. Darcel (fin de 1871). Ce dernier vient d'être placé, par suite de la mort de M. du Sommerard, au musée de Cluny, et M. Gerspach, ancien chef du bureau des manufactures à la direction des beaux-arts, lui a succédé aux Gobelins (mars 1885).
L'inspection artistique avait passé, pendant cette période, du peintre Mulard à M. Muller, qui se retire en 1873, puis à M. D. Mail­lard et enfin à M. P.-V. Galland, qui dirige en même temps l'école de dessin, complètement réorganisée: